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1. Quelques lueurs ont émergé

En faisant référence à Isabelle Filliozat, je dirais que dans notre société, l’urgence est affective.

Nos enfants nous demanderont : «comment as-tu aimé ? qu’as-tu ressenti ?». Notre société est en train de se mouvoir du développement personnel au développement social et affectif, du développement personnel au développement impersonnel.

Sur mon chemin, personnellement, j’ai toujours senti quelque chose d’autre derrière une personne. Je me sens connectée aux autres, je «vois», je «sens» comment ils vont. Je fais éponge. C’est ce que l’on appelle le « supplément d’âme » qui m’interpelle.

«Désormais je le sais. Quand on parle à quelqu’un, deux niveaux de dialogue se croisent. Le niveau verbal, apparent, lisse. Qui parle parfois sans rien dire. Qui masque souvent. Et puis le niveau souterrain, invisible. Fait de regards et de gestes presque imperceptibles. Qui dit toujours tout sans parler. Et qui crée l’entente, la tendresse, la complicité…

Car ce sont toujours les émotions et les affections qui donnent un sens à notre vie. Même si quand on penche pour regarder le monde, on fait tout pour construire un mur de rationalité. Pareil à une colonne vertébrale qui nous permet de tenir debout, pour éviter de glisser au fond du gouffre qui s’ouvre sous nos pieds. Ce n’est pourtant qu’en tombant que l’on commence vraiment à vivre. Car on apprend alors à être vraiment présent.»[1]

Comme l’instant présent influence l’instant suivant, n’est-il pas naturel de faire le point de temps en temps, d’être en contact direct avec ce qui se passe en nous et autour de nous afin de percevoir clairement la direction que nous prenons mais nous constatons souvent que nous considérons plus facile de se laisser glisser dans le brouillard jusqu’à la tombe que de devenir lucide.[2]

Tout le monde fonctionne-t-il de la même manière ?

La question de la différence de chaque personne l’une par rapport à l’autre, des niveaux de perception propres à chacun est fascinante pour moi, d’une richesse absolue.

Avec ce sujet, nous accédons aux différents niveaux de la personne. Il s’agit de la perception de couches : extérieur, énergétique, émotionnelle, de l’appétit profond de la personne.

Comment telle personne pourra sentir et reconnaître telles compositions de tels mets, chacune des saveurs et des épices ?

D’où vient cela ? Est-ce que cela parle de l’autre ou est-ce que cela parle de moi ? Est-ce que quelque chose est venu parce que j’ai laissé de l’espace ?

Et toi, toi tu vois chez l’autre si tu vois chez toi ?

Pour certains, l’air, la nuit, la lumière du soleil et les arbres sont essentiels. Pour d’autres, ce sont les mots, le papier, les livres, pour d’autres encore, les couleurs, les formes, les ombres, la glaise. Certaines ont besoin de danser, tandis que d’autres ont juste besoin d’un arbre pour s’y appuyer et vivre en paix.[3]

En même temps, je ne me cache pas que cela est aussi une façon de se protéger, de tout de suite sentir l’état, l’humeur de l’autre, de chercher « où il est », cela me permet de m’adapter.

Si l’espace autour de nous, on ne le conscientise pas, il est extrêmement habité par des choses qui lui sont arrivés. Il convient de défaire, de décortiquer. Allons-y !

[1] M. Marzano Légère comme un papillon

[2] J. Kabat-Zinn Où tu vas, tu es

[3] C. P. Estés Femmes qui courent avec les loups